C’est rare de trouver une telle injonction à apprendre, à se former, à développer une stratégie d’émancipation… J’ai trouvé ce texte sur Fesse Bouc, il provient de la page de Marwan Muhammad entre autre, président du CCIF – Collectif contre l’Islamophobie en France
Sois une machine à apprendre. Quelque chose te semble difficile? Rien à faire, redouble d’efforts et règle-le. Tu vois un livre, tu le lis. Dans les conversations, tu écoutes et tu reconsidères tes points de vue. Quand c’est toi qui parle, c’est l’autre qui apprend et toi qui t’exposes.
Une nouvelle information, ça renforce et enrichit, ou ça vient nuancer tes positions. Dans les deux cas, ça doit être une information utile, sinon c’est du bruit.
Achète (en occasion) les livres de tes adversaires politiques et idéologiques, comprends leur façon de raisonner, pour mieux déconstruire leurs idées.
Prends l’habitude d’écrire. Stylo plume, pour s’appliquer, cahier avec du papier de qualité, quelques feutres de couleur. Tes carnets de notes sont ta mémoire temporaire, la zone où tes idées en gestation évoluent avant de structurer ta pensée.
Pour chaque argument contre, prépare trois arguments pour. Pour chaque idée, un schéma. Si tu n’es pas capable d’articuler un raisonnement en 2 minutes et 5 lignes, c’est que tu ne le comprends tout simplement pas. Pas prêt à discuter sans maitrise, tu t’abstiens. Sur chaque sujet, tu prépares des fiches, avec des informations clés (1 raisonnement / 2 histoires / 3 chiffres).
Vends tes vieux disques et les fringues que tu ne mets plus, garde tes étagères et achète des livres à la place. Pas de moyens? Tu commandes gratuitement les rapports de la commission Européenne et du Conseil de l’Europe sur les sujets qui t’intéressent (éducation, santé, économie, racisme, etc.). Tu télécharges des articles de recherche des universitaires cités dans les bibliographie. C’est galère mais tu t’accroches. Tu laisses youtube à ceux qui ont le temps pour ça.
Quand un problème ou une notion te semble complexe, tu lis en diagonale et tu le laisses de côté, puis tu reviens 30 mn plus tard. En attendant tu fais la vaisselle, passes l’aspirateur, fais du sport, ranges tes fringues ou nettoies la salle de bain. Quand tu reviens, si ça veut toujours pas, tu recommences. Pendant que tu es sur autre chose, ton cerveau est en train de calculer, d’analyser, de reconsidérer le problème sans même que tu t’en rendes compte, de manière inconsciente.
Tu prends une carte à la bibliothèque. Chaque mois tu survoles un sujet, hors de ton champ d’étude. Tu télécharges les podcasts d’émissions intéressantes et tu les écoutes dans la voiture. L’un des intervenants te semble intéressant (ou agaçant)? Tu lis l’un de ses articles de fond pour voir s’il y a quelque chose à apprendre de lui.
Quand tu as une idée, teste la sous tous les angles jusqu’à ce qu’elle soit blindée et attractive, presque naturelle.
Laisse tomber les infos télévisées, soit elles augmentent ton niveau de stress, soit elles diminuent ta compréhension du monde. Regarde pas la météo, regarde par la fenêtre. Tu lis soit le Monde Diplomatique, soit le New York Times, soit une sélection d’articles par des journalistes que tu as listés sur twitter pour la qualité de leur travail.
Pour t’entrainer à argumenter, tu testes ton aptitude à clore un débat en deux phrases sur les fils de discussions politiques des sites d’info. A la fin, ça devient un langage. Tu laisses tomber les postures de confrontation, tu les remplaces par des postures de progression.
Une personne t’envoie 3 mails avec 3 vidéos de buzz et 0 contenus utile, tu zappes. Tu n’as pas de temps à perdre. Pour te détendre, tu fais un truc vraiment créatif: dessin, photo, poésie, cuisine ou autre. Quelque chose de frais, quelque chose de beau, quelque chose qui t’élève. Puis tu recommences…
Si tu n’apprends plus, c’est que tu régresses.
Lis, récite, apprends, vis.